• Blank :

    « Page blanche, vierge ; espace vide ; avoir l’air complètement déconcerté ou ahuri ; laisser des blancs ; cartouche à blanc ; faire chou blanc se sentir la tête vide ou avoir un trou »…

    « about blank » formule consacrée par notre novlangue informatique pour signifier le bug, autrement dit l’impasse. Elle illustre l’absurdité à la fois dramatique et comique de nombre de situations auxquelles l’individu est confronté… le purgatoire ordinaire.


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    6 septembre 2008
    Avant-première au Granit / scène nationale de Belfort

    Du 9 au 21 Décembre 2008
    Création au Théâtre de l’Aquarium / Cartoucherie

    1 au 4 déc 2009
    Nouveau Théâtre de Besançon / CDN Besançon Franche Comté

    12 mars 2010
    Théâtre de l’Agora / scène nationale d’Evry-essonne

    25-26 mars 2010
    Montargis / Tivoli

    6 au 8 octobre 2010 au  VOLCAN / scène nationale du Havre

    19-20 octobre 2010
    La Halle aux grains / scène nationale de Blois

    CCAS 2010

  • « Blank , un clown au purgatoire »

    La légèreté et la grâce des nuages
    Revenue de l’enfer de « Dans le rouge » (créé en 2006-2007, aussi à L’Aquarium), le clown Gaïa s’apprête à traverser le purgatoire. Dans ce deuxième volet librement inspiré de « la Divine Comédie » de Dante, Lucie Valon nous offre une vision décalée, légère, infiniment drôle de cet entre-deux, entre enfer et paradis.
    Avec Blank, le purgatoire se révèle un espace de repos si vide que Gaïa est confrontée au choix – si difficile aux indécis – d’y trouver sa place, alors qu’une voix automatique l’invite à patienter « dans l’attente de la régularisation de [son] dossier ». Prototype de toute ces « salles d’attente » du monde, cette « zone de détente » se mue rapidement pour elle en un lieu d’épreuves multiples – où le latin qui lui est enseigné prend pour elle des accents allemands – en vue de successives affectations, auxquelles elle se révèlera bien peu adaptée. Tantôt éreintée au point de s’endormir sur son balai, tantôt entremetteuse au pays des Bisounours, tantôt standardiste qui se fout de ses correspondants…, notre purgatorienne finira par jaillir comme un petit diable de sa boîte. Un lieu épuisant en somme… dont l’issue – enfer ou paradis – demeure incertaine.
    Petit bout de femme immaculée, perdue dans une scène sombre et épurée, Lucie Valon offre à son public comme un miroir. Celle qui, arrivée au purgatoire, se perd dans ses espaces infinis, est confrontée à ses protocoles et rituels, tente de réussir ses tests d’aptitude, s’épuise dans les tâches successives qui lui sont confiées… est l’alter ego d’un public plongé dans un monde déshumanisant aux accents « purgatoresques ».
    Il faut rendre hommage au travail de Lucie Valon et Christophe Giordano, parfaitement ciselé, et au talent magistral de la mime-clown qui conquiert son public dès les premiers instants – talent rare – par un geste sûr, une palette impressionnante d’expressions et d’émotions qui lui permettent de croquer avec justesse la beauté de l’humain et l’absurde de son quotidien.
    Blank offre-t-il une vision burlesque du purgatoire ? Clownesque oui, burlesque non… tant le traitement reste toujours juste et gracieux, mêlant farce et gravité. Ce spectacle d’une grande fraîcheur est une invitation à redécouvrir que nous avons tous « un Stradivarius dans le grenier ». Parce qu’elle a dépoussiéré le sien, Gaïa subvertit et humanise ce « monde du milieu » et en fait bien autre chose qu’un lieu médiocre.

    Olivier Pradel – Les Trois Coups / 13 décembre 2008

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